Vallois

Boris Achour

03 Mar - 29 Apr 2006

BORIS ACHOUR
"Conatus (Pilote)"

3 mars – 29 avril 2006
vernissage le 2 mars 2006

Au cours de précédentes saisons, nous avions laissé Boris Achour sur la steppe russe, dirigeant au porte-voix une série d’opérations de restauration poétique (Operation Restore Poetry, Biennale de Moscou, 2005) ; plus tôt, on se souvient qu’à la tête d’une horde de profanateurs de sculptures, il affirmait vouloir « jouer avec des choses mortes » (Laboratoires d’Aubervilliers, 2004). Aujourd’hui, dans son nouveau Quartier Général de la rue de Seine, il se propose de tenter une nouvelle fois d’organiser le chaos, d’unifier l’hétérogène et de réanimer les formes inertes. Un ensemble de sculptures cristallines, organiques, informes ou pseudo-cinétiques, mêlant plexiglas, macramé, ou encore stalactites et concrétions de polyuréthane..., sont suspendues dans l’espace à des tiges faites de tubes néon, de métal chromé, ou de tasseaux de bois brut. L’image qui se forme immédiatement est celle d’un planétarium, d’un pandémonium cosmique, rappelant que Boris Achour est moins concerné par les problématiques de la vieille-nouvelle sculpture que par la mise en marche de machines autonomes de production. En 2002, avec Cosmos, il s’affichait réalisateur de films, avec pas moins de 200 boîtiers de cassettes dans son vidéo-club, dont les jaquettes empruntaient à tous les genres cinématographiques possibles et imaginables, du polar au porno en passant par les bandes de démonstration des rayons bricolage : chaque genre pouvant s’hybrider à l’infini avec d’autres registres, sans hiérarchie ni système apparent de classification. La jaquette vidéo était le cadre fixe d’une combinatoire de motifs choisis subjectivement, en croissance exponentielle. Ici, le principe de suspension, s’il renvoie aux mobiles de Calder et à leur mouvement perpétuel, évoque aussi les mâts de Cocagne mais surtout le mode d’accrochage en série des œuvres de Robert Filliou, à l’aide de crochets, principe visuel de la « création permanente » et de son système d’équivalence. En équilibre, défiant encore une fois les lois du fond et de la forme, du support et de l’objet, les sculptures de Boris Achour dessinent une histoire de l’art en forme de constellation d’étoiles, comme autant de réalités parallèles, où le monde de Franz West côtoie celui de Yaacov Agam et de Donald Judd. Le titre de l’ensemble, Pilote, est alors explicite : dans cette conquête de l’espace, il y a bien un capitaine dans la navette. Pilote, si l’on se réfère au vocabulaire de la série télévisée, annonce également le caractère de prototype de l’exposition, prologue d’une série d’épisodes à venir, dont témoignent les portants vides, squelettes en attente de nouvelles planètes encore non identifiées. Nom de code de l’opération : Conatus, ou le principe spinozien de la joie dans l’action, de la puissance de l’agir comme mode de réalisation individuel. Bien fait, mal fait, mais fait !
François Piron, janvier 2006

© Boris Achour
Conatus (Cambrien Intérieur Nuit)
2006
Technique mixte; installation vidéo (6'30'')
120 x 125 x 31 cm
Edition de 3 + 1 E.A
Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris
 

Tags: Boris Achour, Yaacov Agam, Robert Filliou, Li Hui, Donald Judd, Franz West