Kamel Mennour

Latifa Echakhch

05 Feb - 22 Mar 2014

© Latifa Echakhch
La dépossession, 2014
Toile de théâtre apprêtée, peinture, tube acier et sangles
Dimensions variables
Toile : 1000 x 1000 cm

Vue de l’exposition “All around fades to a heavy sound”, kamel mennour, Paris, 2014
Photo. Fabrice Seixas
Courtesy the artist and kamel mennour, Paris
LATIFA ECHAKHCH
All Around Fades to a Heavy Sound
5 février – 22 mars 2014

A l’occasion de sa troisième exposition personnelle à la galerie kamel mennour, Latifa Echakhch investit le nouvel espace de la rue du Pont de Lodi. Dans la lignée des œuvres présentées en 2012 au Kunsthaus de Zurich et en 2013 lors de la Fiac dans le cadre du prix Marcel Duchamp, l’artiste déploie ici encore l’idée d’un spectacle fantôme, déserté par le public et les performers suite à on ne sait quel désastre. Dans la grande salle du bas, le ciel s’est effondré, comme s’il s’était insinué depuis la verrière zénithale. C’est là un décor de théâtre, peint de bleu azuréen et parsemé de nuages, qui a glissé comme une robe abandonnée au pied d’un lit. Devant cette toile froissée, inachevée, trop grande pour l’espace qui l’accueille, on songe aux ciels du 17e siècle, à Nicolas Poussin, à l’âge d’or du théâtre. Il plane sur cette scène abandonnée une sensation de non finito mélancolique. Aux murs sont accrochés des tableaux. À la manière d’une sève vivace, l’encre bleue a infiltré la toile blanche par capillarité pour composer des arborescences coralliennes ou un réseau serré de branchages. Comme dans la plupart de ses travaux encrés, Latifa Echakhch initie un protocole minimal, puis elle laisse le temps et les matériaux faire leur œuvre – en l’occurrence l’encre « phtalo », mise au point dans les années 1930 à partir de colorant phtalocyanine, dont le bleu profond rappelle les stencils de l’artiste. En raison de cette part du processus déléguée au hasard, ces tableaux relèveraient presque de ce qu’on nomme les images « acheiropoïètes » (soit « non faites de main d’homme »), catégorie dans laquelle on retrouve le voile de Véronique ou les pierres de lettrés chinoises. All Around Fades to a Heavy Sound... C’est là le titre d’une de ces œuvres spectrales. La réunion de tous les intitulés compose une histoire. Il y est question d’une marche, de l’égarement du narrateur dans une forêt qui n’est pas sans évoquer les premiers vers de la Divine Comédie, mais le texte évoque aussi « le tout dernier paysage ». Peut-être un ciel déliquescent entrevu à travers les frondaisons d’une étrange foret bleue.

Née en 1974 à El Khnansa (Maroc), Latifa Echakhch vit et travaille à Martigny (Suisse). Son travail a été présenté en France comme à l’étranger au sein de nombreuses expositions personnelles: au macLYON, au Hammer Museum à Los Angeles, au Kunstmuseum Liechtenstein à Vaduz, au Columbus Museum of Art (Ohio), au Portikus à Frankfort, au Kunsthaus de Zurich, au Museum Haus Esters à Krefeld, au MACBA à Barcelone, au FRI ART à Fribourg, au GAMeC à Bergame, à la Kunsthalle de Bâle, au Bielefelder Kunstverein, à la Kunsthalle Fridericianum à Cassel, au Frac Champagne-Ardenne à Reims, au Swiss Institute de New York, à la Tate Modern à Londres, au Magasin à Grenoble ; ainsi que d’expositions collectives : au MoMA PS1 à New York, au Palais de Tokyo et au Musée d'art moderne de la Ville de Paris, au Frac Nord-Pas de Calais à Dunkerque, au Centre d'art contemporain La Synagogue de Delme, au Centre d’Art Contemporain Genève, dans le cadre de la 11e Biennale de Sharjah, à la Aargauer Kunsthaus à Aarau, au Signal - Center for contemporary art à Malmö, au Den Frie Center of Contemporary Art à Copenhague, à la Kunsthalle Basel, dans le cadre de la 54e Biennale de Venise, à la Fundació Joan Miró à Barcelone, au Contemporary Arts Museum à Houston, au GAM - Galleria Civica d’Arte Moderna e Contemporanea à Turin, au Beirut Art Center, au CAC de Vilnius, dans le cadre de la Biennale Art Focus de Jérusalem et de Manifesta 7 à Bolzano, au Museum Anna Nordlander à Skellefteå et au Studio Museum à Harlem, New York. Lauréate du Prix Marcel Duchamp en 2013, Latifa Echakhch exposera au Centre Pompidou – Espace 315 en automne prochain
 

Tags: Marcel Duchamp, Latifa Echakhch, Joan Miró