Castillo/Corrales

Philippe Grandrieux

03 - 05 May 2007

© Philippe Grandrieux
PHILIPPE GRANDRIEUX
"L'arriere-saison"

Curated by Boris Gobille

Jeudi 3, Vendredi 4, Samedi 5 mai 2007
Vernissage le Jeudi 3 mai, de 18h à 22h

BG - « On n'a jamais filmé la décrépitude véritable du végétal, parce qu'au fond, même l'automne on en a fait quelque chose de beau. Et c'est beau, de fait : les feuilles qui peu à peu jaunissent... et on sait que ça va revenir. C'est ''l'éphémère destinée'' dont parle Freud. Il raconte qu'il est en train de marcher dans la campagne avec un ami taciturne et un jeune poète, c'est la campagne qui renaît, c'est l'été, et malgré tout Freud ressent une profonde mélancolie chez ses compagnons. Ils sont frappés de stupeur par la beauté et en même temps par l'idée que ça va mourir un jour. Et Freud ne comprend pas. Il ne comprend pas, puisque c'est évident que ça va renaître la saison suivante et que la beauté, la jouissance, la joie, c'est ce qui se perd et qui va rejaillir, c'est ''l'éphémère destinée'' ».
(...)

PG : - « Ça doit être un moteur binaire, ça ne doit pas être des zones multiples. Je pense qu'il doit y en avoir deux... L'éblouissement et l'effroi... Le cœur c'est deux... ça pompe et ça reflue. Flux et reflux, il n'y a pas de troisième possibilité... la première échographie... la seule chose que tu vois, c'est un petit point, noir, qui pulse. C'est tout. Rien d'autre. Il n'y a aucune forme, aucune distinction, il y a juste une pulsation, comme un pulsar dans l'univers. Et on voit ça. On voit ces paquets de photons : poum... poum... poum... poum... Voilà. Et après je pense que ça, c'est ça qui nous constitue, au plus intime, au plus profond, c'est juste cette pulsation. Qui structure la pensée, le langage, le rapport aux autres, le savoir. C'est là, c'est pas là, c'est là, c'est pas là ».

Boris Gobille/Philippe Grandrieux, extraits de Barravento (à paraître chez Metronome Press).